L'appeau chinois
Un brave homme chinois, rizier de son état,
S'en allait dans ses champs à la chasse aux oiseaux.
Pour piéger les ailés, il avait un appeau ;
Ses voisins le raillaient, l'appeau ne marchait pas.
Rien qui ne ressemblât à un chant de moineau ;
Le sifflet, sans puissance, grinçait entre les plants
De l'aurore au couchant. Les voisins, se moquant,
Annonçaient le verdict : " Sons faibles et idiots. "
Des déesses, par pitié, vinrent à son secours.
Pas d'oiseau, non ! Elles bénirent ses labours
Et son champ lui donna du riz pour trois hivers.
Si l'art du bon appeau lui resta étranger,
On raconte aujourd'hui, et dans le monde entier,
Que les petits bruits sots font les grandes rizières.